73.
« Merci de nous recevoir, monsieur Wallace, dit poliment Barrott.
– Je vous en prie. A-t-on des nouvelles de Mack ?
– Je crains que non, mais il y a un ou deux points que vous pouvez nous aider à élucider.
– Bien volontiers. »
Wallace pria les inspecteurs de s’asseoir.
« Vous connaissez Howard Altman ?
– Oui. Il travaille pour un de mes clients, Derek Olsen.
– Est-ce vous qui avez recommandé Altman à M. Olsen il y a dix ans ?
– Il me semble que c’est moi, en effet.
– Comment avez-vous fait la connaissance de Howard Altman ?
– Je ne m’en souviens pas très précisément. Je crois me rappeler qu’un de mes anciens clients avait vendu plusieurs propriétés immobilières et désirait lui retrouver un emploi. »
L’expression d’Elliott ne trahissait aucune émotion.
« Qui était ce client ?
– Je ne saurais vous dire son nom de mémoire. Je n’ai eu affaire à lui que peu de temps. Par un concours de circonstances, Olsen était passé à mon bureau et m’avait confié ses difficultés à trouver des employés de confiance, alors je lui ai indiqué le nom d’Altman.
– Je vois. Nous aimerions obtenir le nom de ce client, je suis sûr que vous vous emploierez à le retrouver. Il est possible qu’Altman soit suspecté dans l’enlèvement de Leesey Andrews, ce qui naturellement innocenterait Mack MacKenzie.
– Tout ce qui peut innocenter Mack n’a pas de prix pour moi », déclara Elliott à Barrott, d’une voix vibrante.
Roy Barrott observa l’homme qui lui faisait face, avec son costume d’une coupe parfaite, sa chemise blanche impeccable, la cravate rouge et bleu de bon goût. Il le regarda retirer ses lunettes, les essuyer puis les remettre. Qu’y a-t-il de particulier chez ce type ? se demanda-t-il. Ce sont ses yeux et ses oreilles. Ils me paraissent familiers. Était-ce possible ? Mon Dieu, il ressemble à Altman. Il fit signe à Gaylor de continuer l’interrogatoire.
« Monsieur Wallace, c’est vous qui vous occupez des biens de la famille MacKenzie, n’est-ce pas ?
– Oui, je suis l’exécuteur de tous les fonds MacKenzie.
– L’unique exécuteur ?
– Oui.
– Quelles sont les clauses qui régissent le fonds créé au profit de Mack ?
– Il a été constitué par son grand-père. Mack MacKenzie est censé ne pas en disposer avant l’âge de quarante ans.
– Dans l’intervalle, naturellement, il continue à fructifier.
– Certainement. Il est constitué d’investissements sûrs.
– Que se passerait-il en cas de décès de Mack ?
– Le fonds irait à ses enfants et, s’il n’en avait pas, à sa sœur, Carolyn.
– Mack aurait-il pu demander une avance pour une raison que vous, en tant qu’exécuteur, auriez estimée valable ?
– Il aurait fallu une raison particulièrement convaincante. Son grand-père n’avait pas envie d’avoir un play-boy comme héritier.
– Mettons qu’il était sur le point de se marier ; que sa future épouse était enceinte ; qu’il refusait que ses parents l’entretiennent ; qu’il voulait financer ses études à l’université et celles de sa femme à la fac de médecine ? Toutes ces raisons auraient-elles été suffisamment convaincantes pour qu’il puise dans le fonds ?
– Peut-être, mais cette situation ne s’est pas présentée. » Elliott Wallace se leva. « Comme vous pouvez l’imaginer, j’ai un emploi du temps très chargé, et… »
Le téléphone de Barrott sonna. C’était Nick DeMarco. Barrott écouta, déterminé à garder un visage impénétrable. Carolyn MacKenzie avait disparu. La nouvelle victime, pensa-t-il.
Wallace, un bras tendu, s’apprêtait à les faire sortir de son bureau. Lucas Reeves a raison, pensa Barrott. Tout cadre parfaitement. Il décida de tendre un piège à Wallace.
« Pas si vite, monsieur Wallace. Nous ne partons pas tout de suite. Nous détenons Howard Altman. Il se vante d’avoir perpétré ces enlèvements. Il se vante d’agir pour votre compte. » Il fit une pause. « Vous ne nous aviez pas dit que vous étiez parents. »
Le visage impassible de Wallace se crispa imperceptiblement. « Oh, pauvre Howie », soupira-t-il. S’appuyant d’une main sur son bureau, il ouvrit le tiroir du haut. « C’est un tel affabulateur.
– Absolument pas », répliqua Barrott.
Elliott Wallace soupira à nouveau. « Mon psychopathe de neveu avait promis de mourir de manière spectaculaire, en emportant Carolyn et Leesey avec lui. Il n’a même pas réussi sa sortie. »
D’un mouvement rapide, Elliott Wallace sortit un petit pistolet du tiroir de son bureau et le porta à sa tempe. « Comme l’aurait dit le cher cousin Franklin : “Mes chers compatriotes, adieu” », lâcha-t-il simplement. Et il appuya sur la détente.